Équateur, la magie des premières fois .
L'Équateur . La magie des premières fois .
- Cuanto cuesta los dos hierbas luisa ?
- Un dollarito .
Depuis une dizaine d'années l’Equateur a adopté le dollar américain comme monnaie . Le dollarito est un " petit dollar " qui vaut ?... un dollar !
Présenté ainsi , le prix est plus doux ...
Peu de voyageurs nous avaient parlé de l'Équateur, coincé entre ces deux grands voisins , la Colombie et le Pérou . La vie y est plus chère et ils n'y avaient pas trainé .
Nous nous étonnons qu'une simple frontière marque souvent une rupture géographique . Aussitôt notre arrivée en Équateur, tout fut différent . Le relief se creuse et les nombreux ruisseaux et rivières nous imposent de courtes montées et descentes dans des combes encaissées . Le pourcentage est terrifiant . Alors nous poussons Raymonde et Félicie dans des côtes de plus de 15% . Passée la frontière, la forêt se transforme aussi . D'autres arbres , d'autres plantes semblent d'un coup envahir la route , une voute végétale toise celle ci . Alors la lumière et l'humidité changent brusquement . La température et les odeurs aussi . L'eau ruisselle maintenant de partout . La végétation se tropicalise . L'humidité est poisse. Les murailles de végétations qui nous surplombent , nous étouffent . Quelquefois un trou dans la végétation permet d'entrevoir la vallée . Les rizières du nord Pérou ont maintenant disparues.
Pour nous protéger des violentes pluies nocturnes , nous campons invariablement sous les canchas des pueblos et hameaux . Une cancha est un gymnase qui ne possèderait que le toît et les gradins . Nous sommes toujours bien reçus par les familles qui habitent autour . Les fréquentes parties de football qui s'y déroulent réunissent jusqu'à 22 heures la population . L'ordre des matchs est immuable . D'abord les femmes , les hommes puis les enfants se partagent le terrain . Le silence nous réveille après l'extinction de l'éclairage par les derniers passionnés ....
Notre altitude petit à petit diminue . La chaleur est accablante mais nous sommes heureux d'arriver dans le bassin Amazonien où nous cyclotons en permanence dans les odeurs confites de cette jungle en décomposition . Les chants des oiseaux , toutes sortes de bruits inconnus saturent l'espace . La nuit , ce vacarme est à son comble et nous aimons ce rendez vous nocturne .
Mais déjà cette petite boucle ( de 400 km ) se termine et nous nous dirigeons vers Quito . Une route où nous passons de 200 mètres d'altitude à 4050 mètres avant de plonger sur Quito qui se trouve à 2800 mètres .
Nous resterons quatre jours à la casa de ciclistas de Santiago, à partager rires , infos et topos avec d'autres voyageurs . Échanges entre ceux qui viennent du Pérou et ceux qui arrivent de Colombie ...
C'est autour de délicieux empanadas confectionnés par Nahuel et les argentins que nous passerons la dernière soirée avant de nous séparer . Un joli départ groupé de neuf cyclo s'éclatant sur les routes de sud-Amérique ! Cela ne nous était jamais arrivé en 5 années de voyage .
Une couronne de neige s'est déposée dans la nuit sur le volcan Cotopaxi . Une des dernières averses de neige avant l'été nous précise Santiago . Nous souhaitons tous y voir un signe de bonne route ......
Plus tard dans la journée nous apercevrons une colonne de fumée s'échappant d'un autre volcan ; le Réventador . C'est la première fois de notre vie que nous voyons un volcan fumer devant nous . Minuscules plaisirs des premières fois .
Hier , à Cayambe nous sommes arrivés à la mitad del mundo . La moitié du monde en franchissant l'Équateur ! C'était là aussi une première fois . Notre quotidien est plein de premières fois et ces minuscules moments sont toujours très plaisants et le plus souvent inattendus . Demain nous reprenons notre chemin . Ce seront nos derniers tours de roues en Équateur . L'immense Colombie est à trois ou quatre journées de bicyclette . La route sera nouvelle et inconnue .
Et merveilleuse ….. La magie des premières fois .